Deux ouvrages témoignent de la collaboration du peintre et de l'écrivain: la Chambre noire et l'Empire de la couleur.

Pour en savoir plus sur René Feurer :
 Jean-Michel OLIVIER.
«
Le carnet d'amateur d'art. Feurer : les pièges de la couleur», Journal de Genève, no 199, 22 mai 1984.

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE
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: mensuel d'information culturelle
— case 129 — 1211 Genève 4
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GARCIN GAULIS GENOUX GILLE GODEL GROBÉTY

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CONTACT :
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

RENÉ FEURERHOMMAGE

 

Feurer l’iconoclaste

René Feurer nous a quittés le 30 mars à l’aube. Il venait d’avoir 64 ans. C’était un grand peintre. C’était aussi un grand ami : généreux, disponible, visionnaire, fidèle et sans concession. Tous ceux qui l’ont connu gardent une image lumineuse de cet homme à la poignée de main ferme et franche, dont le regard d’une très douce clarté portait loin, bien au-delà des apparences et des épreuves de la vie.

De ses études d’architecture, René Feurer a gardé le goût des structures solides, des constructions savantes, des volumes clairs et aérés. Mais l’architecture n’était pas sa maison. Seule la peinture lui semblait digne d’intérêt : c’est là, des jours durant, penché sur les tableaux immenses qui recouvraient le sol de son atelier, qu’il inventait sa vie, une éponge à la main. Venu à la peinture en autodidacte, grand admirateur des expressionnistes américains (Rotkho, Newman, Pollock, Franz Kline), mais aussi des peintres de la Renaissance italienne (Fra Angelico), Feurer n’a pourtant jamais imité personne. Sa peinture était absolument singulière, tant par la technique utilisée (d’incessants et litaniques " tamponnages " de la toile à l’aide d’une éponge imprégnée de couleur) que par sa thématique, résolument abstraite, où la figure humaine était absente.

Des premières " arches " des années 80, aux toiles lumineuses de L’Allégorie du Décalogue (exposées dans le Limousin en 1989), puis aux Douze Dits de Bistami (Rabat, Marrakech, Fes, 1991), on peut suivre un itinéraire spirituel dont la peinture, encore et toujours, serait le fil conducteur ou le mot de passe. Itinéraire d’une rare cohérence, lié au silence et à la méditation, mais accompli sans idée préconçue, ni pensée systématique : dans sa peinture (comme dans ses amitiés) Feurer faisait confiance à son intuition, et celle-ci ne le trompait jamais.

Jamais illustrative, la peinture de Feurer a dialogué avec de nombreux écrivains, et non des moindres, si l’on songe à Alain Jouffroy, Bernard Lamarche-Vadel, Abdelwahab Meddeb et le regretté Alain Macaire. Elle porte en elle une part d’énigme qui appelle naturellement l’écriture, soit pour l’interroger, soit pour essayer d’y répondre. De celles et ceux qui ont écrit sur sa peinture, Feurer attendait une élucidation. Mais l’énigme des couleurs, malgré la lumière des mots, demeure entière.

À l’étroit, comme tant d’autres, dans les frontières de notre petit pays, René Feurer avait soif d’horizons sans limites : le désert marocain, la Palestine mythique, l’extrême Orient. Il recherchait moins les images que les récits, moins la lumière que les couleurs capables d’en rendre compte. En cela également, René Feurer était un peintre unique, difficile à cerner, impossible à cadrer ou à enfermer dans une catégorie particulière.

Même s’il nous a quittés, sa peinture continue (et continuera) de nous interpeller, comme une énigme à jamais sans réponse.

 

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