FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

SERGE BIMPAGE
La Trattoria della Fontana, Métropolis, 2001.

 

Les recettes de Nonna Irma

Cuisine et littérature font souvent bon ménage, car chaque livre, au-delà de son thème ou de l'histoire qu'il raconte est d'abord un festin de mots. Preuve en est l'admirable collection initiée par Michèle Stroun chez Métropolis et intitulée " la Cuisine de mes souvenirs ", dont chaque titre donne littéralement l'eau à la bouche. _ cet égard, l'Eloge de la Boulette (Une histoire de boulettes du néolithique à nos jours) écrit et publié l'an dernier par l'éditrice elle-même est une manière de chef-d'œuvre (et un succès de librairie, puisque ses lecteurs se comptent par dizaines de milliers). De même que les ouvrages de Rossana Cambi sur la cuisine italienne et Le Festin lyrique, suite d'entretiens avec Renée Auphan qui passe en revue les repas plus ou moins pantagruéliques, les déjeuners secrets et les orgies festives qui servent de décor aux grands opéras du répertoire.

Dernier ouvrage en date, on doit La Trattoria della Fontana* à la plume inspirée de Serge Bimpage, écrivain et journaliste . Avec une saveur unique (qui n'étonnera pas ceux qui lisent ses chroniques dans La Tribune de Genève), Bimpage retrace ici la figure émouvante de Nonna Irma dont le père tenait une auberge dans le petit village de Rivalba, proche de Turin, pendant la dernière guerre. Pour cette femme de caractère, la cuisine était à la fois un plaisir et un sacerdoce. Ses gestes, qui sont " la mémoire muette du temps ", Bimpage les observe et s'en imprègne, comme il s'imprègne des paroles de la cuisinière qui, dès qu'elle s'éloigne de ses fourneaux, devient intarissable. Partager et survivre, se taire et écouter : voilà l'unique manière de traverser l'horreur fasciste, les sautes d'humeur ou les menaces des " chemises noires " qui viennent régulièrement inspecter l'auberge. C'est un partisan, Giuseppe, amateur silencieux de sa cuisine, par ailleurs communiste et journaliste à l'Unita, qui tombera amoureux d'elle, l'emmènera à Vienne, puis à Genève, où le couple s'établira et aura une fille (qui, à son tour, épousera un journaliste, un certain Serge Bimpage...). On le voit : en revisitant le passé, Bimpage explore aussi sa propre histoire, comme dans La Reconstitution, où il parlait si bien de son père. Ce livre savoureux est accompagné - comme tous les livres de cette collection - de 44 recettes originales, recueillies bien sûr auprès de Nonna Irma. Pour en avoir testé plusieurs (comme celle des Oignons farcis et des Bolets panés à la farine de maãs), je peux vous dire qu'elles sont irrésistibles !

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SERGE BIMPAGE
Sonia ou l’empreinte de l’amour, roman, L’Aire, 1999.

 

Polar métaphysique

Méfiez-vous de Serge Bimpage ! Ce diable d’homme, que les lecteurs de La Tribune de Genève connaissent bien, a plus d’un tour dans son sac. Enquêteur, reporter au long cours, passionné de sciences humaines, il nous livre aujourd’hui trois autres facettes de son talent.

Un polar haletant, tout d’abord, Sonia ou l’empreinte de l’amour, qui s’inscrit dans la lignée des enquêtes métaphysiques d’un Dürrenmatt ou d’un Frisch ; un magnifique livre d’images ensuite, Les Visiteurs de la Suisse (1945-1965)* inspiré par les photographies de Jean-Pierre Grisel ; un recueil de portraits**, enfin, dédié à Michel Baettig (l’ami aux multiples talents et à l’énergie inépuisable) qui permet de faire mieux connaissance avec diverses personnalités genevoises (de l’artiste Marc Jurt au comédien Jacques Michel, en passant par Frank Fredenrich, fondateur de SCENES Magazine).

Une double identité

Sonia Stiller ou Sonia Kaufmann ? Le roman de Bimpage s’ouvre sur une arrestation, qui pourrait être un gag, mais aussi une terrible méprise. Est-ce bien elle qu’on recherche ? Est-ce bien elle qu’on arrête ? Sonia au double visage, " côté diurne, c’est un mariage de soleil et d’hortensias ; côté nocturne, l’atmosphère ouatée du songe ". Sonia qui, peu à peu, s’est construit une planète, comme le Petit Prince, qui n’appartient qu’à elle, et que personne ne lui prendra…

Mais impossible, bien sûr, de fuir le monde, même en vivant dans ses marges (Sonia vit dans une communauté de squatters dont Bimpage restitue bien le charme et les contradictions). La société rattrape toujours ceux qui rêvent de lui échapper. Bien malgré elle (mais le hasard, surtout dans les romans policiers, n’existe pas) la jeune femme va se trouver mêlée à une affaire qui la dépasse, et va bouleverser sa vie.

C’est Max, d’abord, un journaliste un brin désabusé, qui vient l’interviewer au squatt, Max dont elle tombe amoureuse et que bientôt, dans d’obscures circonstances, on trouvera " suicidé " chez lui. Sonia va alors reprendre son enquête, à la fois difficile et dangereuse, qui la mènera dans les milieux médicaux et politiques.

De quelle affaire s’agit-il ? Trouvant une place dans un laboratoire d’analyse génétique, Sonia pourra enfin découvrir le secret (mortel) de Max : un réseau de surveillance intime des individus (c’est le rêve du Rhino, Big Brother de la police genevoise) reposant sur l’analyse génétique de chaque citoyen, dont les caractéristiques (à la fois physiques et psychiques) sont fichées ad aeternam.

Comme le hasard n’existe pas, la belle Sonia, mettant au jour un important trafic d’empreintes génétiques, découvrira également le secret de son nom – c’est-à-dire de son père. Alors Sonia Kauffmann ou bien Stiller ? Il faut lire le polar haletant, plein de surprises, d’inventions drôles et de saillies, de Serge Bimpage pour connaître le fin mot de l’histoire. L’enquête est rondement menée et cette empreinte de l’amour ouvre sur des abîmes métaphysiques (l’identité, le destin, le faux secret médical).

* Les Visiteurs de la Suisse (1945-1965), Slatkine, 1999.

** Ceux qui font Genève, Slatkine, 1999.

 

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