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BIOGRAPHIE
PORTRAITS
1.
Serge BIMPAGE
2. Marie Yvonne RUEDIN
3. Pascale TORRACINTA

SIGNES
PARTICULIERS
NOM
: Jean-Michel Olivier
NÉ
: le 18 décembre 1952
MÉTIER
:
professeur
*
COFONDATEUR
:
Scènes Magazine, Main de Singe, Contrepoints
*
ANCÊTRES
ILLUSTRES:
Urbain et Juste Olivier
*
LIVRES
AIMÉS :
Les Chants de Maldoror de Lautréamont,
Belle du Seigneur d'Albert Cohen, Ulysse de Joyce, Deux
Passions de S. Corinna Bille, Le Pays des Merveilles
de Joyce Carol Oates, Le Ravissement de Lol V. Stein de Duras,
Le Poisson-scorpion de Bouvier.
*
FILMS
FAVORIS :
Barry Lyndon de Kubrick, Short Cuts de Altman, Manhattan
de Woody Allen, L'Invitation de Claude Goretta.
*
AIMERAIT
ÊTRE RÉINCARNÉ
EN : une éponge ou une méduse.
*
SON
JURON FAVORI : crénom!!!
*
LE
BRUIT
QU'IL AIME LE PLUS : la
musique.
LE
BRUIT QU'IL DÉTESTE
LE PLUS : les
parasites.
*
LE
M ÉTIER
QU'IL AURAIT VOULU FAIRE : footballeur.
*
LE
M
ÉTIER
QU'IL N' AURAIT PAS VOULU FAIRE : comédien.
*
SON
VIN FAVORI : le
vin des collines toscanes.
*
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Issu d'une
vieille famille vaudoise, Jean-Michel Olivier est né en 1952
à Nyon. Il a passé une enfance agitée et inquiète
à Genève, dans le quartier populaire de Saint-Jean (dont
chaque rue, encore aujourd'hui, porte le nom d'une uvre de Rousseau).
Non loin de là, le Stade des Charmilles oriente ses émois,
ce qui le fait hésiter longuement entre une carrière de
footballeur et des études dont le sérieux ne lui apparaît
que fort tard Après une maturité classique (au Collège
Rousseau, bien sûr!), il entreprend une licence de Lettres à
l'Université de Genève où il a la chance d'avoir
pour maîtres Jean Starobinski, Jean Rousset, Michel Butor et le
génial Roger Dragonetti. Il publie son mémoire de français
sous le titre Lautréamont : le texte du vampire (qui obtient
le prix Hentsch en 1978. C'est le début d'une carrière
littéraire où essais et textes de fiction alternent. Sur
la photographie et l'art contemporain, il publie La Toilette des
images (1981), La Chambre noire (1982), René Feurer
: l'empire de la couleur (1984), Virus de la photographie (1991)
et enfin la Montagne bleue (1997). Il signe 5 romans L'Homme
de cendre (1987), La Mémoire engloutie (1990), Le
Voyage en hiver (1994), Les Innocents (1996) et récemment
L'Amour fantôme (1999), ainsi qu'un recueil de nouvelles Le
Dernier Mot (1997).
Dans les
années 80, il préside à la naissance de trois revues
: La Main de Singe (publiée à Seyssel, France),
Contrepoints et surtout Scènes Magazine, mensuel
d'actualités culturelles, fondé avec son ami Frank Fredenrich,
à Genève, en 1986, et qui perdure avec succès.
Il est également critique de théâtre, de musique
et de littérature à la Tribune de Genève
et au journal la Suisse, de 1987 à 1994.
En 1990,
il a le grand bonheur d'assister à la naissance de sa fille,
Sarah, l'une des trois fées de sa vie.

À
l'automne 1995, il part pour les États-Unis où il est
reçu à l'Université du Michigan (Ann Arbor) en
tant que professeur invité. Il reprend la route de l'Ouest deux
ans plus tard, à l'occasion du Salon du livre de Toronto afin
d'y présenter le Dernier Mot. Il reçoit en 1999
le Prix artistique de la ville de Nyon pour son uvre. Il vit aujourd'hui
à Genève où il enseigne le français et l'anglais
au Collège de Saussure.
En juin
2003 naît sa seconde fille, Norah.

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1. «
JEAN-MICHEL
OLIVIER, écrivain de la comédie romande»
par Serge BIMPAGE.
Tribune
de Genève, rubrique Ceux qui font
Genève, 28 sept. 1999.
L'il
malicieux, il veille sur la Suisse romande comme un concierge sur son
immeuble. Au courant de tout, il fait son miel de la moindre anecdote.
Mais Jean-Michel Olivier n'est pas du genre à cracher dans la soupe
C'est avec l'amour du romancier pour ses personnages qu'il restitue d'une
plume sans pareille la comédie humaine de notre petit pays.
Né
en 1952 à Nyon, il vécut dès l'âge de 4 ans
dans le quartier de Saint-Jean, à Genève, qui l'a beaucoup
marqué : «
Presque toutes les rues du quartier portent un nom qui reprend un livre
de Jean-Jacques Rousseau : la rue des Confessions, du Contrat Social,
du Vicaire Savoyard. J'ai été à l'École
du Devin-du-Village et j'ai fait mes classes secondaires au Collège
Rousseau ! »
Sa maturité grecque en poche, il se lance dans des études
de lettres et obtient successivement une licence en français
(sur Lautréamont) et d'anglais (sur l'UIysse de Joyce).
Comme sa
mère est institutrice, la passion de l'enseignement est quasiment
dans ses gènes. Il effectue des remplacements pendant ses études.
Puis il obtient un poste au Collège de Saussure en 1978 où
il enseigne encore actuellement. Il complètera sa formation par
un diplôme d'Études pédagogiques. Même sa
pause de quelques mois en 1995 pour partir aux Etats-Unis fut dévolue
à l'enseignement : un remplacement de Nicolas Bouvier pour faire
connaître la littérature suisse à l'Université
d'Ann Arbor, dans le Michigan.
L'écriture
? Elle date de ses années de Collège où il composait
des chansons, musiques et textes. Peu à peu, la plume devait
prendre le dessus. En 1981, il publie son mémoire sur Lautréamont
à l'Âge d'Homme, en même temps qu'un récit
sur la photographie. Sa voie est tracée. Depuis lors, il écrit
pratiquement un livre par année, nourri de ses rencontres avec
des artistes (le peintre René Feurer, le graveur Marc Jurt, le
photographe Jacques Pugin) ou puisant, pour ce qui concerne le roman,
dans son expérience personnelle. Si l'un de ses sujets de prédilection
est la femme (L'Homme de cendre, L'Amour fantôme), Jean-Michel
Olivier ne se délecte pas moins de la réalité romande
(Les Innocents).
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2. «
JEAN-MICHEL OLIVIER : avancer masqué, un plaisir infini »
par Marie Yvonne RUEDIN.
Dossiers
publics, no 60, 1988.
Lapparence
de Jean-Michel Olivier est trompeuse : son calme, fruit de patientes
années de maîtrise de soi pour masque vaincre ?
une timidité paralysante, dissimule mal un tempérament
de feu et une grande inquiétude intérieure. Loin de se
cantonner dans le confort douillet d'un nid protecteur et d'écrire,
en solitaire, récits et romans, Jean-Michel Olivier croque la
vie à pleines dents. Au centre de son existence, l'écriture
avec, déjà, un joli palmarès : un essai de critique
littéraire sur Lautréamont, un récit intitulé
La Chambre noire, deux essais, l'un sur la photographie,
l'autre sur la couleur et, récemment, un premier roman paru à
l'Âge d'Homme sous le titre de L'Homme de cendre.
Mais l'écriture
n'est pas exclusive. Jean-Michel Olivier cumule et porte avec une fierté
certaine plusieurs casquettes journalistiques : d'une part, l'animation
de SCÈNES Magazine, la revue culturelle mensuelle qu'il
a fondée en octobre 1986 avec Anne de Charmant et Frank Fredenrich
et, d'autre part, la fonction de critique de spectacles à La
Tribune de Genève. Sans oublier la rédaction d'éditoriaux
et d'interviews, quand la bonne volonté des bénévoles
de SCÈNES Magazine accuse un fléchissement inquiétant...
Le côté matériel, lui, est assuré par un
poste complet dans l'enseignement. Notre écrivain trouve encore
le temps la disponibilité d'esprit ? d'éveiller
ses jeunes élèves aux joies de la littérature française
et anglaise.
L'énumération
de toutes ces activités donne presque le tournis et pourtant
Jean-Michel Olivier, avec un large sourire un brin frondeur, ajoute,
souverain, qu'il ne sacrifie pas ses loisirs sur l'autel de l'écriture.
Pour preuves la pratique régulière du piano et les entraînements
hebdomadaires de football, histoire de ne pas perdre la forme, lui qui
fut junior au FC Servette avant qu'un méchant accident ne mît
fin à ses secrets espoirs de passer professionnel.
Mais
pourquoi diable Jean-Michel Olivier court-il si vite ? Pourquoi dévore-t-il
si goulûment la vie au lieu de la déguster, de la savourer
à petites bouchées ? Se chercherait-il a travers l'écriture
?
Oui,
je cherche à bâtir quelque chose. Écrire, c'est
se confectionner une statue, c'est construire un double de soi-même.
Nous avons tous plusieurs voix, plusieurs vies, plusieurs identités.
Une seule voix, une seule vie, une seule identité ne suffit pas.
Nous avons toujours envie d'en vivre plusieurs à la fois. D'ailleurs
l'écrivain n'a pas qu'une seule voix, mais une multitude de voix.
C'est la raison pour laquelle mon premier roman, L'Homme de cendre,
fourmille d'allusions à la musique, de commentaires sur les
sons, la peinture. Et ce n'est pas un hasard non plus si, pour ce roman,
j'ai choisi la pratique régulière, quasi quotidienne de
l'écriture, sous sa forme la plus simple : le journal intime.
Chaque jour véhicule des événements, une matière
qui pourrait faire l'objet d'un autre roman.
Pourquoi éprouvez-vous le besoin de vous dissimuler ?
Le
besoin de se dissimuler est inséparable du plaisir de jouer.
Si j'écris, si je mets en scène différents
personnages, c'est parce que j'ai un sens enfantin du jeu. Je joue
avec les mots comme un enfant avec des cubes. J'éprouve un
plaisir infini à porter des masques. Prenez le personnage principal
de L'Homme de cendre : Simon souffre depuis que son amie
l'a quitté. Derrière le masque de la douleur, il n'y a
que le vide, l'absence de l'autre. Puis, au fil des pages, au fil des
rencontres, un nouveau visage se dessine. L'histoire de L'Homme de
cendre raconte ce remodelage, cette renaissance. Sans le masque
de la douleur au début du livre, rien n'aurait été
possible.
Jouer à visage découvert est-il envisageable ?
Jouer
à visage découvert limiterait les résultats, restreindrait
les surprises. Vous ne pouvez provoquer de surprises qu'en jouant avec
des identités différentes. Et n'oubliez pas que je suis
écrivain, c'est-à-dire que j'occupe une position en retrait,
à la lisière de la lumière, à la frontière
de l'ombre. Le port du masque est alors une nécessité
pour observer, pour déceler derrière le masque de tel
ou tel personnage, de telle ou telle personne, un deuxième masque,
puis un troisième, un quatrième, bref une succession d'identités.
Pourquoi écrivez-vous ?
J'essaie
de retrouver dans l'écriture la force, la tension que j'éprouve
quand je joue du piano, je peux m'asseoir à mon clavier, m'exercer
sans aucun résultat pendant une heure et, le lendemain, jouer
à peine un quart d'heure et me sentir inspiré, transporté,
illuminé. Je suis alors capable d'exprimer, au bout de mes doigts,
ce que je ressens au plus profond de moi-même. C'est pour moi
un moment de grand mystère.
Le
thème central de votre uvre est la rencontre de deux êtres...
Le
couple est une relation privilégiée. J'ai toujours écrit
à partir d'un vécu personnel, d'une expérience
transposée. J'ai rédigé La Chambre noire et
L'Homme de Cendre pour comprendre la rupture du lien amoureux
et expliciter les mécanismes qui ont amené cette cassure.
L'écriture, dans son fonctionnement, est très semblable
à une cure analytique. C'est une manière de se pencher
sur soi, de ressasser le passé, de revenir en arrière
pour mieux avancer.
Votre prochain roman?
Je
désire élargir ma démarche. Ce ne sera plus la
rencontre entre un homme et une femme, mais la restitution des premières
sensations, des premières émotions, des premiers sentiments.
Je veux retracer la carte, peindre le tableau des premières expériences
qui ont forgé ma personnalité, fondé ma mythologie.
Pour qu'elles ne disparaissent pas dans le néant?
C'est
la seule manière de les soustraire à l'oubli et de les
ramener à la vie.
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3.
« Gens d'ici : JEAN-MICHEL OLIVIER »
par Pascale TORRACINTA.
Tribune
de Genève, 22 avril 1985, p.
25.
Écrire,
en Suisse romande, c'est accepter d'uvrer en solitaire, loin de
l'agitation parisienne, de subir parfois le silence des médias.
À 32 ans, JeanMichel Olivier s'accommode de cette clandestinité
obligée qui est, selon lui, le lot de l'écrivain. Et se
sent volontiers affilié au courant intimiste qui, depuis Rousseau
ou Amiel, caractérise notre littérature.
Périlleux
exercice de plongée en soi, l'écriture est-elle une vocation
? Un appel tardif plutôt, chez ce licencié en Lettres,
enseignant à la ville. Dès l'origine, un double branchement
: du côté de la critique littéraire avec la publication,
il y a quatre ans, d'un essai sur le vampire et simultanément,
de la fiction, nettement autobiographique. Avec le temps, et après
quatre livres, l'écriture devient une pratique journalière,
indispensable. Comme la musique d'ailleurs, que Jean-Michel Olivier
lie inextricablement à son projet littéraire : «
je l'entends, confie-t-il, derrière les mots ».
Assis au
piano ou face à l'écran de son ordinateur qui garde en
mémoire les pages d'un roman en chantier, l'enseignant cultive
la pratique des «
temps morts »
: «
l'histoire de l'humanité est celle des conflits. Or ce sont
les moments non productifs, ceux de l'entre-deux qui sont les plus importants.
»
Culte de
l'oisiveté («
on écrit, dit-il, pour tuer le temps, pour tuer la
mort »),
l'écriture permet de «
couper court à ce qui nous ensorcelle ».
Chaque livre est, à sa manière, un désenchantement
:
«
Une façon de me défaire de ce qui me hante, me harcèle
».
Autant d'obsessions que sont tantôt un cliché photographique
ou un motif pictural (1es arches du peintre genevois René Feurer),
tantôt une voix, un vêtement, une présence. «
Écrire, c'est rompre les charmes, c'est passer d'un charme
que l'on subit à un charme dont on détient la maîtrise.
»
Mais d'où
vient, chez les uns, cette nécessité impérieuse
de. se doubler d'une existence parallèle : l'écriture
? À quoi bon ce parti pris de retranchement, de solitude? «
C'est une façon d'avancer considérablement sur sa propre
vie, de la vivre en accéléré. C'est aussi un jeu,
avec la langue. On procède par tâtonnements en misant sur
certains mots. Je risque toujours plus en écrivant. »
En regard
de cette activité occulte, l'enseignement est une façon
de garder un pied dans le réel. «
Même si la littérature ne s'enseigne pas ».
Consolation mutuelle de deux activités complémentaire
en somme : l'une exigeant le repli sur soi, la recherche d'un «
contact par solitude »,
la seconde vouée à la transmission d'un savoir immédiat
et à l'écoute attentive des autres.
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