FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

FEUILLETON LITTÉRAIRE

JEAN-MARC ROBERTS
Les seins de Blanche-Neige, Grasset, 1994.

Un père étrange

Au fil des livres, Jean-Marc Roberts (né à Paris en 1954) s'est affirmé comme l'un des auteurs les plus originaux de sa génération. En plus de ses talents de romancier, il s'est frotté au cinéma en tant que scénariste (L'Ami de Vincent et Affaires étrangères) et à l'édition, puisqu'il fut conseiller littéraire au Seuil, avant un bref passage chez Grasset.

Avec Les seins de Blanche-Neige, il nous donne sans doute son livre le plus étrange, le plus joyeusement déconcertant. Par sa forme, d'abord, qui juxtapose les souvenirs (on devrait plutôt dire les témoignages) de quatre narrateurs, Achille, Ferdinand, Tracy et Victor, dont le seul point commun est d'avoir le même père. Chacun à sa façon, ils entreprennent de raconter François, ses lubies, ses départs, ses retours, ses remords, ses regrets. Portrait tout à fait singulier, mais par absence, comme en creux, puisque le personnage central du livre n'est perçu et évoqué que par le regard des autres. Cela donne quatre instantanés, qui parfois se recoupent, mais le plus souvent se complètent, sinon se contredisent.

Etrange évocation d'un père qui ne veut pas que ses enfants grandissent. Un père de conte de fée, insaisissable, presque impalpable, irresponsable aussi, qui semble à chaque instant plus enfant que les siens.

On retrouve ici, avec un grand plaisir, l'univers si volontiers retors de Jean-Marc Roberts. D'un côté, François se veut un père modèle, désirant " incarner cent personnages à la fois, et se distribuer tous les rôles. " Pour ses enfants, il est un compagnon de jeu, un complice et un frère, avant d'être un père. De l'autre, il ne supporte pas sa condition paternelle, louvoie de femme en femme, hésite, revient en arrière pour repartir de plus belle, toujours à la recherche d'un équilibre instable.

Et c'est là, sans doute, le versant le plus original du roman de Roberts : le deuil brutal, et pourtant prévisible, que chacun doit faire de son enfance. " Un jour, les enfants dessinent des seins à Blanche-Neige et ce jour-là est un jour sombre, fatal. Les enfants ne rêvent plus les mêmes jeux, les mêmes douceurs. Leurs rêves changent. De couleur, de parfum, de taille. Ils ont grandi. " Etrange portrait, en vérité, d'un père que ses enfants maternent, consolent et portent presque à bout de bras. D'un père qui, pour son malheur, n'a pas " une tête de père. "

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