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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004
ASA LANOVA
FEUILLETON LITTÉRAIRE
Le Testament d'une mante religieuse, roman, L'Aire, 1996.
Le testament d'une mante religieuse
Née en Suisse, mais possédée très tôt par le démon de la danse, Asa Lanova monte à Paris, où elle travaille avec les plus grands maîtres russes, puis devient soliste chez Maurice Béjart. Mais le fil se casse, il y a quelques années, et Asa Lanova, " convaincue d'avoir perdu la Grâce ", se réfugie dans la campagne vaudoise, où elle commence à écrire.
Régine Desforges, qui publia naguère son premier roman et qui préface aujourd'hui Le testament d'une mante religieuse, situe bien l'ambition de Lanova, chez qui elle voit " la quête d'un absolu qui passe par l'abandon de soi entre les mains de l'autre, d'une connaissance au travers de la transgression, la mise à plat de toutes les certitudes. "
Incontestablement, Le testament d'une mante religieuse relève du roman érotique (au sens initiatique du terme), mais il ne se réduit pas à cela. Il s'agit moins ici de montrer la jouissance que de la dire : d'inventer un langage qui dise à la fois la possession et la dépossession, les caresses et le plaisir, l'attente de l'être aimé et l'angoisse de le perdre : les vertiges du désir.
C'est dans ces pages, très belles, où Asa Lanova dit crûment les ruses et les mensonges de l'amour, que son roman est le plus réussi. Son écriture à fleur de peau dit la naissance (souvent inavouable) du désir, et comment il grandit au contact de l'autre, il s'affole, il se perd, sans jamais disparaître entièrement. C'est bien le sentiment que laisse ce Testament d'une mante religieuse : une soif de plaisir et de vie qui ne s'épuise jamais dans sa propre satisfaction. Un élan à la fois raisonné et désordonné de force victorieuse où la passion, qu'elle se dise au quotidien ou dans les scénarios complexes que la mante élabore, a toujours le dernier mot.