FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

 

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

PIERRE BERGÉ
Les jours s'en vont je demeure, Gallimard, 2003.

 

Les ombres de Bergé

Ami de Bernard Buffet et d'Yves Saint-Laurent, amateur d'opéra et de littérature, Pierre Bergé publie chez Gallimard son quatrième livre, Les jours s'en vont je demeure. C'est une galerie de portraits extraordinairement vivants et bien écrits où l'on retrouve, dans le désordre, Cocteau et Aragon, Céline, Chanel, Marguerite Duras, le danseur Nureev et Andy Warhol, le photographe Mapplethorpe et Jean-Louis Barrault. Chaque figure est dessinée avec précision et tendresse, dans une langue qui frappe par sa beauté classique. Par exemple, à propos de Cocteau : " Sa mue fut lente. Soudain il comprit qu'il s'était fourvoyé, prit quelques trains en marche, remonta les wagons l'un après l'autre et s'installa dans la locomotive, à la place du conducteur. Dès lors, il devait sillonner le monde de la création. "

En même temps qu'une galerie de portraits, c'est un livre d'hommages dans lequel Pierre Bergé, d'une plume brillante, reconnaît ses dettes, essaie de rendre à chacun de ses maîtres ou mentors ce qu'ils lui ont donné. C'est donc une manière d'autoportrait, où les ombres chères et disparues dessinent le visage de celui qui écrit. Bien sûr, il entre un peu de nostalgie dans ces lignes magnifiques : non seulement les amis admirables sont morts, mais peut-être aussi cette époque admirable (le XXe siècle) où les livres, la danse, la création musicale occupaient une place importante – place qui, aujourd'hui, demeure étrangement vide.

 

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