FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

SERGE DANEY
L'Amateur de tennis, P.O.L., 1994.

 

Le génie de Daney

Heureux hasard de l'édition : tandis que s'achève le tournoi de Roland-Garos et que débute bientôt celui de Wimbledon, un livre merveilleux vient de sortir de presse. Il s'agit des chroniques que Serge Daney, génial touche-à-tout, a écrites pour Libération entre 1980 et 1990.

On retrouve ici Daney non pas sur son terrain de prédilection (le cinéma), mais sur un court de tennis. A la différence de nombreux chroniqueurs qui s'ecriment sur le sport sans en saisir véritablement l'enjeu, ni même en maîtriser les règles, Serge Daney est ici parfaitement à son aise. Ses chroniques n'ont pas pris une ride. Ce sont des récits (forcément épiques), des commentaires, des questions, des réflexions. Des portraits magnifiques (Borg, McEnroe, Gerulaitis, Connors, etc.). Et bien sûr des textes d'une rare cohérence et d'une (im)pertinence à vous couper le souffle.

Exemple. " Un match, comme un film, est un petit récit. Il peut très bien ne rien s'y passer, comme dans la finale McEnroe-Lewis d'hier (6-2, 6-2, 6-2) . On fait les gestes du tennis, l'un gagne et l'autre pas, mais rien n'y fait événement. Un tournoi, c'est déjà un grand récit. Une année de tennis, c'est une vraie saga : il y a 78 grands tournois de par le monde. Cela, on commence à le savoir. Ce qu'on n'imagine moins, c'est que les joueurs sont comme une troupe, qu'ils vivent en avion, loin de tout, comme le grand orchestre de Duke Ellington ou une bande de clowns blancs, plus ou moins tristes. "

Avec L'Amateur de tennis, Daney invente une autre manière d'articuler le sport (son spectacle) à son époque. Bien sûr il nous parle de matches dont les héros sont des joueurs que tout le monde connaît. Mais ces matches, il les déchiffre comme des fables ou des partitions de musique, avec infiniment d'humour et de volupté. Et ces héros des temps modernes, il s'ingénie à disséquer leur jeu, leurs erreurs ou leurs coups de génie, bref la panoplie complète de leurs effets. Ce faisant, il fait œuvre non seulement de chroniqueur, mais aussi d'écrivain et de sémiologue.

Bien sûr, il y a eu Barthes, et ensuite Baudrillard, mais peu de gens, avant Serge Daney, ont su démasquer avec autant d'intelligence nos mythologies quotidiennes. Et l'on mesure, à lire d'une traite ses chroniques, tout ce qu'aujourd'hui nous avons perdu, tant les comptes-rendus sportifs, un peu partout, sont devenus mornes, sans surprise et surtout sans style. Mais il est vrai que peu de journaux possèdent aujourd'hui des collaborateurs de la trempe d'un Serge Daney.

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