FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

GEORGES CASPARI
Les raisins ne sont jamais trop verts, Éditions L'Âge d'Homme, 1998.

 

Un Faust heureux

Notre siècle n'aime pas le bonheur. Ni le bonheur de vivre (qui autrefois était un art), ni le bonheur d'écrire. Quant à ceux qui pratiquent les deux, avec légéreté, grâce ou inconscience, ils n'ont tout simplement pas droit au chapitre.

Pourtant, il y a de la sagesse dans ce bonheur-là, qui consiste à aimer la vie comme elle vient, les mots pour la musique qu'ils font, les femmes comme elles nous éblouissent. Georges Caspari, châtelain de Dully et conseil en publicité à Genève, est de ces sages épicuriens qui placent dans la recherche des plaisirs simples leur plus haute ambition.

" Ma vie intérieure est au-dessus de tout soupçon. J'écris par enfantillage, par jeu d'auteur contrarié, je n'écris pas noir, je n'écris pas rose, j'écris bleu ; pour parler de ma mer, de mes états d'âme, de choses sans importance, de ma mort. "

L'histoire qu'il nous conte dans Les raisins ne sont jamais trop verts** a le charme des romans de Nabokov, avec juste ce qu'il faut d'inconvenance pour accrocher le lecteur, et le laisser, un peu désorienté, au terme d'un périple qui l'aura mené de Genève à l'Île Maurice, auprès d'une jeune femme " colorée et fantasque ". Elle a trente-deux ans, lui un peu plus du double. Face à cette femme qui brille de tous les feux, dont il supporte " la cérémonie de ses crèmes, l'heure de ses limes, l'éternité de ses retards ", le narrateur se voit en Faust, savant fou de jeunesse, guetté pourtant par cette mort qu'il ne voit pas venir, et qui lui a volé déjà tous ses amis. " J'écris pour rien, pour personne, pour des gens que ne me sont rien, je n'ai vraiment faim que d'une chose : d'un homard. "

Ponctué de poèmes qu'il envoie à un ami éditeur de Genève, son journal de vacance n'est pourtant pas de tout repos : gravitant autour d'Aurélie (Nerval n'est pas loin), le narrateur entre bientôt dans la fascination d'une autre femme. Et, comme à chaque fois qu'il aime, il lâche la proie pour l'ombre. Mais " pourquoi l'ombre puisqu'il s'agissait d'un soleil. J'aurai passé ma vie à la poursuite du soleil. "

Telle est la fable de ce récit doux-amer, à la fois très banal et singulier, d'une écriture savoureuse, d'une précision de maître d'horlogerie, d'une langue libre et jubilatoire. Ce bref roman est suivi d'autres textes – Poèmes zérotiques, Un z'oreilles aux Antilles, L'épître à Sylvia – qui valent eux aussi le détour, par leur fraîcheur et leur lumière – lumière plutôt rare sous nos cieux romands.

 

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