FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

 

 

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

CORINNE DESARZENS

Je voudrais être l'herbe de cette prairie et Je suis tout ce que je rencontre, L'Aire, 2002.

 

L'herbe magique de Corinne Desarzens

Au fil des livres (plus de dix désormais) Corinne Desarzens affine sa plume. Ce qu'elle écrit est inclassable : à mi-chemin de la philosophie (qu'est-ce qu'une araignée ? qu'est-ce que l'herbe ?) et du récit poétique, de l'enquête sur le terrain (chacun de ses livres est un voyage) et de la description quasi médicale d'une réalité tangible (rien de plus matériel que son écriture). Ses deux derniers ouvrages sont à dévorer d'une traite – avec gourmandise.

L'herbe, tout d'abord, tantôt rouge, comme chez Boris Vian, tantôt sinueuse et mortelle, comme chez Claude Simon, tantôt menaçante ou symbole d'inaccessible, comme chez Nicolas Bouvier, tantôt verte et acide, comme chez Cingria – mais toujours magique.

Enchaînant les chapitres comme on rassemble en bouquet quelques brins d'herbe, Corinne Desarzens nous emmène dans un périple à la fois géographique (elle traverse toute l'Europe en compagnie d'une poignée d'écrivains), philosophique et sensuel. " Avec les escrocs internationaux et les chevaux, l'herbe partage une caractéristique : elle ne dort jamais, ou très peu. L'hiver l'oublie, le printemps la redresse, l'automne lui retire ses sucs. " S'interrogeant sur l'herbe, le sens et les sensations qu'elle procure, les bienfaits qu'elle prodigue, Corinne Desarzens s'y vautre avec délectation. Elle passe littéralement au crible les prairies de l'Occident (très belles pages sur le wild West américain) pour en tirer la sève fondamentale. Cette patiente exploration de nos racines – menée un peu à la manière de Francis Ponge, avec un souci maniaque et délicieux du mot juste – s'achève sur une évocation extraordinaire de Charles-Albert Cingria, le plus grand écrivain suisse du XXe siècle. " Ah l'herbe ! Rome fut primitivement un sacrifice et un lieu d'herbe. "

Même si elle est toujours plus belle chez le voisin, l'herbe est le point d'ancrage de tous les écrivains, même et surtout s'ils se prétendent déracinés. Elle permet le mélange et la communication avec le substrat primitif et obscur. Elle est le lien perdu avec la mère. L'objet, aussi, de toutes les nostalgies et de tous les désirs régressifs. Corinne Desarzens nous en retrace admirablement la légende.

 

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CORINNE DESARZENS
Mon bon ami, L’Aire, 2000.

 

Cette femme écrit depuis toujours. Des livres inclassables, à mi-chemin du roman et de la poésie, de l'essai et du journal intime, toujours singuliers. Sa voix est douce, précise et bien posée, et reconnaissable entre mille. Son grand talent est l’expression – au sens pictural du terme – du monde matériel qui nous entoure, dont elle parvient à rendre la sensualité complexe, les saveurs sourdes et mélangées, les teintes incomparables. Son dernier livre, Mon bon ami, est une suite de tableaux en paroles où la perception de l’instant est aiguisée au maximum, où le regard devient tactile à force d’attention, de sympathie, de questionnement, où le langage retrouve sa transparence. À chaque fois, un petit tour de force. Et un régal pour le lecteur. A savourer sans retenue.

 

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CORINNE DESARZENS
Aubeterre, L'Aire, 1994.

 

Les hauts de Aubeterre

Ils sont peu nombreux, en Suisse romande, les écrivains qui ont tout à la fois un souffle, un style, une musique – une écriture. Corinne Desarzens fait partie de ceux-là. Avec Aubeterre, son cinquième livre, elle cherche à sonder les secrets d'une famille de paysans établis dans la ferme du même nom. A la fois chronique, roman familial et poème, son livre louvoie entre les genres. Même si, quelquefois, il peut paraître touffu, il tranche singulièrement sur la timidité des autres productions romandes. Tout, ici, est excès : de l'histoire qu'on raconte, faite de violence et de passion, au style précis et sensuel, dont la seule règle semble être celle du plaisir.

 

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