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MICHEL
LAYAZ
La
Joyeuse complainte de l'idiot, Carouge
(GE), Éditions Zoé, 2004, 156 p.
Un univers singulier
La
Joyeuse Complainte de l'idiot est le récit d'un internat
peu ordinaire où vivent des adolescents encore moins
ordinaires. En effet, La Demeure accueille de jeunes garçons
dont l'intelligence décalée n'a pu s'accommoder
du monde environnant. Racontée par l'un de ses membres,
cette communauté tire force et originalité de
son impérieuse présidente-directrice générale,
Madame Vivianne.
«Il ne faut pas croire
que les gens qui vivent à La Demeure sont des demeu-
rés, ou des prisonniers, ou des délinquants, ou
des fous, ou des brigands, ou de la mauvaise graine, ils sont
seulement un peu de tout cela, et il serait vain de les réduire
à quelques tours de passe-formules. Il y a en nous des
splendeurs qu'il faut peut-être aller chercher, des splendeurs
enfouies sous des couches de désarroi, de tourments,
de méchancetés, de désespoir, d'obstination,
d'errances, de mauvaises routes, de mauvais choix, autant de
dérives qui ne sauraient effacer la bonne pâte
qui existe derrière tout cela et qui ne demande qu'à
être pétrie. »
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MICHEL
LAYAZ
Les
Larmes de ma mère, Zoé, 2002.
Comme
chaque année, le Prix Dentan est allé aux Éditions
Zoé pour Les Larmes de ma mère de Michel
Layaz (y avait-il d'autres éditeurs en lice ?). Mais
disons-le tout net : le livre de Michel Layaz vaut mieux que
toutes les basses manuvres qui entourent les Prix. C'est
un roman plus personnel, et bien mieux maîtrisé,
que les livres précédents de l'écrivain
vaudois qui partage son temps entre Lausanne (où il enseigne)
et Paris (où il écrit). Construit comme une mosaïque
de souvenirs d'enfance, qui tous prennent naissance dans la
matérialité des choses (une canne à pêche,
des fléchettes, un couteau à viande), le roman
de Layaz recompose, en les analysant, en les décortiquant,
autant d'images fondatrices de ses premières années.
À la manière de Michel Leiris (dans L'âge
d'homme), l'écrivain reconstitue une mythologie première
qui non seulement a marqué son enfance, mais détermine
encore sa vie présente. Au centre de cette mythologie,
la figure à la fois castratrice et aimante de la mère,
ressuscitée ici par une écriture cruelle, précise,
tendue, qui manque rarement sa cible. Par sa violence et sa
musique secrète, le livre de Layaz libère des
fantômes qui hanteront pour longtemps ses lecteurs.
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MICHEL
LAYAZ
Ci-gisent,
L'Âge d'Homme, 1998.
Il
y a cinq ans paraissait le premier livre de Michel Layaz, né
à Lausanne en 1963.Quartier terre fut salué
par une partie de la critique, car il était riche de
promesses, novateur par son style, à la fois dense et
élégiaque. Ces qualités, on les retrouve
aujourd'hui dans Ci-gisent, le troisième roman
de Michel Layaz. Un livre à vrai dire déroutant,
non par son thème (la femme fatale), mais par
sa construction, toute en tours, détours et circonvolutions.
Ce
récit singulier se déroule en partie à
Rome (où l'auteur a séjourné une année
à l'Institut suisse). C'est là qu'une jeune femme,
Irène, convoque les hommes qu'elles a aimés pour
leur remettre " une boîte métallique
", sorte de boîte de Pandore, un enregistreur et
une cassette vierge sur laquelle s'étalent les lettres
CI-GISENT et chacun d'eux va dérouler ses souvenirs.
Comme
la solution d'une énigme, cette explication, qui clôt
le beau roman de Michel Layaz, vient donner sens à tout
ce qui précède : les monologues croisés,
intriqués, imbriqués comme les reflets d'un même
miroir, des quatre amants d'Irène. De ces amants, l'on
saura peu de choses, sinon qu'ils auront tous, à leur
manière, tenté d'approcher le secret de cette
femme, et que tous y auront échoué. Davantage
même : chacun aura laissé dans l'aventure une partie
de lui-même, comme Holopherne " perd la tête
" en faisant l'amour avec la belle Judith
Roman
complexe, donc, d'une écriture parfois un peu bavarde,
Ci-gisent intéresse par le portrait en creux qu'il
donne d'une femme qui, ne faisant que passer dans la
vie de ses amants, laisse pourtant cette vie bouleversée,
saccagée, en miettes. Roman lyrique, également,
au style soigné, mais dont la construction n'est pas
tout à fait maîtrisée, ni d'ailleurs le
mélange des diverses voix narratives, Ci-gisent
n'en demeure pas moins un texte intéressant.
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