FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

 

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

YASMINA REZA
Adam Haberberg, roman, Albin Michel, 2002.

 

Yasmina Reza est agaçante : au théâtre, elle aligne les succès (on se souvient de " Art " avec Pierre Vaneck et Fabrice Lucchini, puis de " L'Homme du hasard " avec Philippe Noiret et Catherine Rich) et en littérature, ses livres figurent régulièrement dans la liste des best-sellers. De plus, elle est intelligente et joue de son image glamour. Tout cela fait beaucoup pour une seule femme : il doit y avoir un scandale là-dessous !

Le scandale, en effet, c'est la maîtrise étourdissante dont cet auteur fait preuve dans chacun de ses textes, qu'il soit écrit pour le théâtre ou pour le plaisir solitaire du lecteur silencieux. Son dernier livre, Adam Haberberg, est un roman. Mais ne nous y trompons pas. Ce " roman " ne ressemble à nul autre roman classique ou contemporain. Il n'y a nulle histoire, nulle ambition psychologique ou sociologique, nulle intrigue amoureuse (tout au plus, un semblant d'intrigue). On pourrait parler d'une tranche de vie (sans le souci naturaliste). Ou plutôt de la description d'une crise.

Quelle crise ? Celle que vit un écrivain célèbre menacé de perdre la vue, échoué devant un enclos du Jardin des Plantes, et déjà dans " la position de l'hospice ". De cette situation initiale (première scène d'un film ou d'une pièce de théâtre) Yasmina Reza va jouer avec son habileté diabolique. Le lecteur, tantôt agacé, tantôt époustouflé, va suivre la dérive hallucinante d'AH à travers Paris, puis dans les méandres de la banlieue parisienne. Un Adam sans cesse déchiré entre son ami Albert (à qui il téléphone toutes les dix minutes) et Marie-Thérèse Lyoc (quel nom!), l'ancienne camarade de lycée qu'il rencontre par hasard. On pourrait croire à une histoire d'amour longtemps rêvée, et enfin réalisée. Mais rien de tout ça. Yasmina Reza n'aime pas la nostalgie. Si Adam se laisse embarquer en voiture (et le lecteur avec), c'est moins pour posséder Marie-Thérèse que pour laisser libre cours à l'intarissable parole qui l'habite, et dont il ne surgit qu'à de trop rares occasions, pour échanger un borborygme ou une onomatopée avec son ancienne camarade.

Si le roman, parfois, cède au bavardage, il explore aussi avec maestria les mille détours du désir et de la parole, toujours complices, toujours inextricablement liés. Dans ce roman bref, Yasmina Reza réussit une fois encore son pari : celui de mener son lecteur par le bout de la langue.

 

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