FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

LAURE ADLER
À ce soir, Gallimard, 2001.

 

À ce soir

C'est autour de la même douleur, mais avec d'autres mots, que tourne le beau récit de Laure Adler, À ce soir. Tout commence par un accident, ou plutôt un simulacre d'accident de la circulation (la narratrice est saine et sauve) qui vient marquer, à sa manière, le temps du deuil : " Treize juillet. Dix-sept ans après la mort de Rémi. " L'écran de sa montre est embué, comme si la peur avait déposé ses sécrétions toxiques sur le verre rond. L'inscription du cadran est à peine lisible : À ce soir.

Ces trois mots, qui résonnent à la fois comme la plus belle des promesses et comme une sourde menace, Laure Adler va les explorer tout au long d'un livre plein de pudeur et de silences, dans lequel elle retrace les derniers mois de son fils. À la manière de Duras, dont elle a publié il y a trois ans l'indépassable biographie, Laure Adler écrit à la première personne, en son nom propre. Elle veut faire face à la douleur, l'affronter encore une fois, lui tordre le cou, la dépasser. Un vers de Baudelaire, comme une litanie, scande ses jours de combat : Tais-toi, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Si Janine Massard cherche à exorciser son drame par un " roman ", Laura Adler refuse le simulacre d'un récit ordonné. " C'est une tentative de raccommodement avec le monde. Les mots vont-ils rendre possible le rapprochement du soi avec le je ? Les pauvres mots. Les mots écrits, les mots parlés, les mots entendus, les mots dérobés, les mots qui circulent à votre insu, les mots qui ne vous sont pas destinés, seul ce bain de mots m'a tenue en vie. " Les deux écrivain(e)s se rejoignent pourtant dans ce sentiment de coupure, d'abandon face à la douleur.

Emmené d'urgence à l'hôpital, à la suite de problèmes pulmonaires, le petit Rémi va être mis très vite sous respiration artificielle. Commence alors, comme entre Alia et Florence, un été fait d'espoir et de découragement, où souvent on prend " son désir pour une réalité : tout devient vrai parce qu'on le dit. " Laure Adler suit pas à pas, silence après silence, le chemin vers l'extrême douleur, le deuil inconcevable. Son récit est d'une franchise brutale, car il s'achève sur l'indicible. Pourtant, le dernier mot de ce récit profond et lumineux, dans lequel, plus d'une fois, la narratrice touche le fond de l'abîme, appartient à la vie, " car il y a une suite après la fin… "

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