FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

SYLVAINE MARGUIER
Le Mensonge, Bernard Campiche, 1997.

 

Après des années de disette, le Prix Georges-Nicole, qui récompense tous les trois ans un écrivain n'ayant encore rien publié, est venu consacrer Sylvaine Marguier, une jeune femme d'origine française, mais établie à Genève, pour son premier roman, Le Mensonge*. Texte bref, lumineux, incandescent, qui raconte l'impossible rencontre entre un homme et une femme, depuis les commencements hasardeux à Vérone jusqu'à la tragédie finale, qui se déroule au bord du Rhône.

Ce qui frappe d'abord, dans le roman de Sylvaine Marguier, au-delà de l'intrigue qui joue avec les lieux communs de l'aventure amoureuse pour mieux les déjouer, c'est le style : une écriture nerveuse, souple et précise, qui donne un souffle à la lecture, une sensualité aux gestes de l'amour, une matérialité sensible aux objets les plus vides de notre quotidien. Une certaine manière, aussi, d'aller à l'essentiel : au cœur de cette blessure qui n'est pas seulement symbolique ou imaginaire, mais d'abord physique, et mortelle.

Derrière la narratrice, il y a une autre femme, blessée elle aussi, dont on découvre, presque par accident, le visage en filigrane : " Je suis, moi, sans cheveux, sans beauté ni main, hors texte, fantôme séparé des matières, jetée par avance dans le canal aux berges de papier mais vite, je me relève. Et, debout derrière l'autre femme, j'étais, en ce temps-là, indemne. Couleur vive parmi les sépias de la mémoire. "

Bien sûr, Sylvaine Marguier reste parfois trop elliptique. On aimerait qu'elle s'attarde davantage sur l'histoire de l'homme (et celle de la femme), sur les raisons de ce malentendu qui s'achève dans le sang, et sur les germes de cette mort qui travaille les amants dès la première rencontre, sous le ciel lumineux de Vérone. Mais n'en demandons pas trop : le roman est solide, l'écriture rare et la voix de Sylvaine Marguier, parmi les autres " écrivaines " de ce pays, parfaitement singulière.

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