FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

JEAN-PIERRE MOULIN
Tribulations amoureuses, nouvelles, L'Âge d'Homme, 1996.

 

L'amour et ses tribulations

Elles sont treize, comme les joyaux de la couronne, les nouvelles que Jean-Pierre Moulin consacre à l'amour et à ses tribulations contemporaines. Treize merveilles qui traitent de l'amour sous toutes ses formes, et dans tous ses états.

Le livre s'ouvre sur un texte – plutôt aigre que doux – qui conte les déboires d'Ahmed, venu trouver en Suisse son ami Saïd, et qui découvre avec stupeur l'impeccable ordonnance de notre beau pays : les pelouses y sont vertes et vierges, les ongles des femmes peints en rouge et la circulation des voitures soigneusement réglementées… C'est alors qu'il va rencontrer Laura, une belle indigène qui lui apprend que l'amour, dans ce pays, obéit également à l'implacable loi du tip top (ou du propre en ordre) : " tout devait être tip top. Et d'abord le bitume où il ne doit pas rester une épluchure après le passage de la benne. Tip top. Le bitume, mais aussi les chiens, et les hommes quand ils font l'amour avec les femmes. "

Amour et renaissance

C'est encore par amour, mais un amour diffus (presque une nostalgie) pour l'organisation des choses, que le héros de la deuxième nouvelle, un homme à la retraite, voit sa vie basculer soudain à cause d'une moto mal garée. Comme tout bon Suisse, le vieillard intervient pour faire de l'ordre et bien sûr mal lui en prend : il se fait copieusement rosser et se retrouve à l'hôpital, mourant, mais soulagé d'être lié encore " à une fabuleuse organisation qui veille sur lui. "

Cette nostalgie de l'ordre (disséquée par le scalpel ironique de Jean-Pierre Moulin), on la retrouve encore dans La théosophe, une nouvelle qui trace le portrait de Sylvia, une jeune femme éprise de pureté et amoureuse folle de ses deux poissons rouges. " Que des animaux aussi élémentaires aient pu provoquer tant d'amour passait l'imagination. Il devait y avoir encore là-dessous un symbole christique. " Mais, là aussi, cet ordre n'est qu'apparent et il suffira d'une rage de dents particulièrement violente pour réveiller la libido de la jeune femme, longtemps noyée sous une mystique de pacotille.

D'autres nouvelles, encore, mériteraient qu'on les relise ici, tant elles s'entrelacent subtilement avec les autres, dans des registres souvent différents, tantôt allegro (formidable " Piano "), tantôt moderato (" La chance de Cora "), tantôt enfin bluesy (" Somebody to love "). Par son ton, ce détachement allègre et ironique, Moulin nous apprend à mieux lire (à mieux aimer) les passions singulières qui nous entourent, et bien souvent nous déconcertent.

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