FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

FEUILLETON LITTÉRAIRE

JANINE MASSARD
Comme si je n'avais pas traversé l'été, L'Aire, 2001.

 

Les mots pour la dire

Il y a des livres qui brûlent les doigts ; d'autres qui bouleversent. Les premiers, comme les seconds, se moquent des bienséances et traquent, à travers l'écriture, le noyau même de la douleur, qui est toujours indicible.

De Janine Massard (née à Rolle en 1939), on connaissait bien sûr ce beau roman, paru à l'Aire il y a quatre ans, Ce qui reste de Katharina, que nous avions chroniqué en son temps. On connaît également les récits et les nouvelles (Christine au dévaloir, Eliane Vernay, 1980). Avec Comme si je n'avais pas traversé l'été, elle entreprend le récit impossible (et sans doute indispensable) de la double perte, à quelques mois d'intervalle, de son mari et de sa fille, tous deux atteints par un cancer.

L'été funeste

Comme pour tenir la douleur à distance, Janine Massard a choisi de raconter son drame à la troisième personne, car la fiction, en écrivant, s'impose à elle. Son héroïne s'appelle Alia (du latin : de l'autre côté). C'est elle qui conduira l'enquête, qui l'éclairera, qui tissera les mots de la douleur, d'une voix tantôt complice et tantôt ironique, qui frappe toujours par sa justesse. C'est elle la gardienne du malheur.

Ô mort où est ton aiguillon ? Ô sépulcre où est ta victoire ?

Ces vers scandent la douleur d'Alia qui accompagne les derniers instants de son mari Bernard, tandis que sa fille, Florence, en rémission à Los Angeles, ne veut pas revenir, comme pour suspendre la menace qui pèse sur elle. Alia est persuadée que Bernard se sacrifie (ou plutôt trompe la mort) pour sauver sa fille, victime du même mal. Le stratagème semble réussir. Florence va mieux. Mais la Camarde est obstinée et revient plusieurs fois à l'assaut. Les pages que Janine Massard consacre à ce combat essentiel, où alternent l'espoir et l'abattement, sont magnifiques, d'une pudeur et d'une vérité totales.

L'écriture, en même temps qu'une manière d'exorcisme, est un acte de protestation : " c'est la seule manière de ne pas laisser un scénariste quelconque entraver sa vie. Face au harcèlement de la destinée, elle oppose la résistance de l'esprit. " Après des mois de lutte, Florence sera vaincue, à son tour, par la maladie. Lors d'un dernier pèlerinage, Alia ira disperser les cendres de sa fille dans ces montagnes californiennes qui faisaient tant rêver Florence. Manière de respecter la dernière volonté de sa fille, mais aussi, peut-être, de prendre congé d'elle, dans un lieu où " tout est uni au monde, et où elle sera maternée… "

 

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