FEUILLETON LITTÉRAIRE
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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004

 

FEUILLETON LITTÉRAIRE

JOYCE CAROL OATES
Blonde, traduit par Claude Seban, Le Livre de Poche, 2002.

 

Joyce Carol Oates est un mystère : née en 1938 à Millerport dans une famille ouvrière catholique du comté d'Érié (État de New York), elle n'a cessé, depuis qu'elle a vingt ans, d'écrire et de publier. À peu près un livre par année ; mais parfois deux, voire trois, car elle publie également des romans policiers sous la signature de Rosamond Smith. À ce jour, cette femme à l'apparence fragile, qui enseigne la littérature à l'université de Princeton, a publié près de soixante livres, dont quelques chef-d'œuvres absolus.

Fascinée depuis toujours par la mythologie américaine (il faut relire à cet égard Le Pays des Merveilles, autre chef-d'œuvre), Joyce Carol Oates n'a de cesse d'opérer au scalpel les grandes blessures de l'Amérique : la violence, bien sûr, fantasme purement américain, mais aussi le racisme (dans Le goût de l'Amérique), les déviants sexuels (Zombi), les gangs de filles criminelles, l'obsession du pouvoir, etc.

Tous ces thèmes, largement développés dans une écriture haletante et inventive, on les retrouve dans ce qui pourrait bien être le sommet de l'œuvre oatesienne, Blonde, roman qui s'est vendu à plus de deux millions d'exemplaires aux USA et qui déjà se voit réédité en poche (dans l'excellente traduction de Claude Seban). Il faut dire qu'ici chacun se retrouve en territoire connu, archi-connu même, puisque Joyce Carol Oates retrace dans un livre brûlant le destin de l'icône américaine par excellence : Marilyn Monroe.

C'est peu dire que la romancière s'avance ici en territoire connu : chacun, sur la terre entière, porte en soi sa petite Marilyn. Et pourtant, dès les premières pages de ce roman-fleuve, Oates déjoue tous les clichés en revisitant méticuleusement la vie de Marilyn – c'est-à-dire la vie d'un fantasme entièrement fabriqué par le regard et le désir des autres (hommes, en particulier). Éclairant à sa manière crue et cruelle les scènes cruciales de l'existence de Marilyn, Oates en livre tout à la fois un roman (bouleversant), une étude psychanalytique (l'obsession du père absent à qui il faut plaire ; la folie maternelle qu'il faut porter en soi), une étude de mœurs (comment réussir à Hollywood, quand on n'a que son corps à donner) et un traité de morale politique (car la fin du roman appartient, bien entendu, aux complots et intrigues du clan Kennedy).

Dans ce livre torrentiel, Joyce Carol Oates montre une fois de plus son talent à pétrir une matière foisonnante et mythique. Sa Marilyn n'est pas une Marilyn de plus, qui viendrait s'ajouter aux innombrables biographies déjà parues sur elle – mais sans doute le livre qui fera référence à l'avenir. Car l'Amérique entière y est décrite avec lucidité, humanité et ironie – mais sans concession.

 

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