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Dernière mise à jour le 22 juillet 2004
FEUILLETON LITTÉRAIRE CHRISTOPHE BATAILLE
Le Maître des heures, Grasset, 1996.
Christophe Bataille a vingt-cinq ans et son troisième roman, Le Maître des heures, est une réussite exceptionnelle, tant par la précision de l'écriture, d'une très haute tenue, que par la rigueur du récit maîtrisé de bout en bout, avec un brio qui parfois déconcerte, ou agace.
Nous sommes dans le nord de l'Europe, au XVIIème siècle, quelque part entre les brumes flamandes et les rivages hanséatiques. C'est un royaume étrange, presque hors du monde, qui suit ses propres lois. " On y accédait par une plaine vaste, dont les enfoncements de tourbe figuraient une fresque brûlée. Une route étroitement pavée s'y perdait, et le voyageur, surpris, arrêtait sa monture devant un octroi de granit. "
Mais un jour l'horloger disparaît, et le royaume, réglé comme une partition de musique, est au bord du chaos. " Sans le battement des horloges, comment croire au temps ? " On fait venir un second horloger, Italien taciturne qui prend la fuite comme l'ancien maître des heures. Enfin arrive un Polonais sans âge nommé Arturo, qui prend les choses de la cité en main, et relance le temps, à nouveau arrêté. " C'était un personnage curieux. Tout le disait, dans son apparence, et surtout ses mains. À les trop serrer, on les aurait brisées dans un craquement d'osselets rouges. Elles pendaient le long de son corps, inutiles et bêtes, jusqu'à ce qu'il s'arrête devant une horloge. "
Bientôt le Maître des heures épouse une lingère, et c'est la vie qui recommence dans le royaume dévoré par la brume. Un autre temps s'installe, festif et porteur de promesses, mais bien sûr il ne dure pas, car vouloir maîtriser le temps est l'illusion suprême, le rêve d'un Dieu omnipotent, et le noble Arturo n'est qu'un homme.