Les livres de Jean-Michel Olivier sont disponbles sur Internet: * et aux librairies:
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L'AMOUR
FANTÔME |
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ÉCHOS Bernadette
RICHARD. ENTRETIEN
UVRES ROMANS RÉCITS NOUVELLES ESSAIS POÉSIE ENTRETIEN CONTACT
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Rose disait : " Tout est amour. " Rose disait : " La société est une fleur carnivore. " Rose disait : " Le passé s'est fait sans nous et le présent est une impasse : seul l'avenir nous appartient. " Rose disait : " Déboutonnez votre cerveau aussi souvent que votre braguette. " Rose disait encore : " L'amour est une hypothèse, puisque nous ne le connaissons jamais que par le souvenir. " Rose disait : " Baisez-vous les uns les autres. Sinon ce sont eux qui vous baiseront. " Rose disait : " La plus belle sculpture, c'est le pavé de grès. Le lourd pavé critique, le pavé qu'on balance sur la gueule des flics ! " Rose disait : " Ô gentils messieurs de la politique, vous abritez derrière vos regards vitreux un monde en voie de destruction. Criez, criez, on ne saura jamais assez que vous avez été castrés ! " Rose disait : " Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront pas la venue du printemps. " Rose disait : " L'amour est la seule expérience digne d'être vécue sur cette terre. "
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Mona disait : " Tout est violence. " Mona disait : " L'amour est la fascination du crime. D'abord on tue les autres, les amis, les parents, toute la société. Puis on doit tuer l'autre. Puis on se tue soi-même. " Mona disait : " Là-bas, toutes nos nuits seront blanches et noires, comme nos jours. Nos bouches ne se quitteront plus. Nos corps seront soudés par la salive et par le sang. Nos sexes, à jamais confondus. " Mona disait : " Quand nous baisons, nous partageons une illusion commune : l'illusion d'être UN. Mais nous ne sommes jamais seuls. C'est une division supplémentaire. Nous ajointons nos cicatrices. Et comme chacun de nous, à lui seul, est déjà une multitude, ça fait beaucoup de monde, penché sur nos cadavres, quand nous baisons. " Mona disait : " J'aimerais que notre amour ressemble à la danse du soleil des Mandans. Pendant quatre jours et quatre nuits, ils ne prennent aucun repos, ne mangent ni ne boivent, et dansent inlassablement, comme dans une transe, sans jamais montrer le moindre signe de fatigue. Le quatrième jour apparaît un sorcier qui donne le signal de la cérémonie. Alors des broches sont insérées dans le corps des jeunes gens : sur le dos, les épaules, la poitrine, les bras et les jambes. Afin de rendre l'opération plus douloureuse, la chair est entaillée à l'aide d'un couteau à scalper ébréché. Des crânes de bisons sont fixés à certaines de leurs plaies. Dans les autres, on passe des cordes. Celles-ci, arrimées au toit d'une maison, serviront à hisser les jeunes gens dans le vide. On fait tournoyer leurs corps, alourdis par le poids des crânes, de plus en plus vite, jusqu'à l'évanouissement. Le sorcier vérifie que les jeunes hommes sont bien entièrement morts complètement inanimés avant de les faire redescendre. " Mona disait : " L'amour est la danse du soleil des Mandans : c'est une mise à mort, puis une nouvelle naissance. Avec un nouveau corps qui porte en lui les marques du sacrifice. Avec un autre nom, aussi, qui donne une nouvelle identité. " Mona disait : " Comme les dieux et les requins, je suis attirée par tout ce qui saigne. " Mona disait : " Pourquoi, dans le plaisir, sommes-nous toujours si loin de l'autre ? " Mona disait : " Nous sommes des huîtres, des hérissons, des coquilles d'ufs : le seul moment où nous nous entrouvrons (où notre corps se brise), c'est quand nous jouissons. Mais cette ouverture ne dure pas, comme le plaisir ou la douleur. C'est un éclair, un flash. Bien vite nous retrouvons notre coquille. " Mona disait : " La femme s'ouvre à l'homme qui la pénètre, puis elle l'expulse, comme, neuf mois plus tard, elle expulsera le fruit de sa semence. Rien ne reste très longtemps dans sa caverne. " Mona disait : " La femme ne s'ouvre pas : elle saigne, elle parle. Elle est blessée. " Mona disait : " Je ne vais jamais au bout de rien. Incapable d'achever, d'aller à terme, de mettre un point final à quelque chose. Incapable de dire adieu. " Mona disait : " Longtemps j'ai cru que la seule chose qui m'appartienne, c'était mon corps. D'abord j'y ai tracé des signes avec du sang, des graines de roucou, du suc de génipa, du bleu extrait de coquilles d'uf. Puis j'ai gravé des tatouages pour qu'il ne soit plus anonyme, ni vierge, ni silencieux. Enfin je l'ai percé pour y introduire des dents d'animaux, des plumes d'aras, du quartz ou des fleurs exotiques, des ornements de nacre, de l'or et des tiges de bambous. Je l'ai sculpté pour faire de lui une uvre d'art, l'ouvrir à l'autre, enfin, à l'air, à la lumière. Mais il se referme toujours. Il m'échappe. Il garde son secret. "
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Neige disait : " Tout est cosmique. " Neige disait : " Ouvre les volets et laisse la lumière entrer dans l'ombre jusqu'à ce que l'ombre resplendisse et qu'il n'y ait plus de différence entre les deux. " Neige disait : " Quittons notre prison. Devenons nos propres enfants. " Elle disait encore : " Ensemble, Colin, nous voulons conspirer pour l'amour. " Neige disait : " Quand un homme pénètre une femme, le temps se dilate, le plaisir s'étend, tous les sens s'ouvrent à cette expérience et soudain les corps prennent réellement place dans l'espace, le jeu, le rire, la respiration, le frémissement des membres. Tout va vers l'ouverture. " Neige disait : " Depuis combien de temps n'avons-nous pas flairé le monde ? Depuis combien de temps n'avons-nous pas deviné l'angoisse ou la joie d'un être à son odeur ? Depuis combien de temps notre regard ne s'est-il pas perdu sur les ailes merveilleuses d'un papillon, sur les nuages, sur les étoiles, sur l'écorce d'un arbre, dans le regard d'un autre être humain ? " Neige disait : " Nous sommes partout. Il n'y a aucun point de l'espace qui ne soit notre centre. " Neige disait : " Tout le divin que nous cherchons au-dehors est en nous. Réaliser cela, c'est trouver la liberté. " Neige disait " Quelque chose que nous dissimulions nous a rendus faibles, jusqu'à ce que nous découvrions que c'était nous-mêmes. " Neige disait : " Le Second monde est le vrai centre de la vie. C'est là que tout peut arriver, car là-bas toutes les choses sont possibles. C'est un monde où les nuds se défont, où l'on n'a pas de nom, pas d'adresse. C'est un monde où il n'existe pas de réponses, bien que de nouvelles questions soient posées chaque jour. " Neige disait : " On dit que dans le ciel existe un réseau de perles disposé de telle façon que si l'on en regarde une, toutes les autres s'y reflètent. De même, chaque objet dans le monde n'est pas simplement lui-même, mais comprend chaque autre objet et est en fait chaque autre objet. " Neige disait : " Et ainsi de l'amour. "
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