Les livres de Jean-Michel Olivier sont disponbles sur Internet: * et aux librairies:
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L'AMOUR
FANTÔME |
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JEAN-MICHEL OLIVIER ENGENDRE UN NOUVEL DIPE, par Emmanuel CUENOD, Tribune de Genève, 20-21 nov. 1999. Un petit roi, un papa vite effacé, une mère lascive : dipe hante toujours la littérature. Constamment remise au goût du jour, sa figure a subi bien des liftings Une fois n'est pas coutume, en voilà un de plutôt convaincant. Dans L'amour fantôme, Jean-Michel Olivier réussit en effet où tant d'autres ont échoué. Sans paraphraser le mythe. Avec de jolis coups de scalpel. dipe, devenu ici Colin, est né de Reine. Cette mère, dès sa naissance, oublie les autres hommes. Elle sait que, désormais, elle n'existera que pour son fils. Et par son fils. Le rejeton souffre de l'amour exclusif de Reine. Pour échapper à cette chère maman castratrice, il tentera, au cours de sa vie, trois évasions. Elles ont pour noms, dans l'ordre, Rose, Mona et Neige. Trois femmes, trois raisons de vivre et de mourir. Mais, à chaque fois, Reine est là, à guetter le moment où son enfant pourra lui revenir. Elle le récupère, brisé par les coups du destin et une envie d'aimer insoutenable, dans une prison, sur un lit d'hôpital, ou au milieu des cendres d'un chalet valaisan. Alors, elle revit son rêve de mère. Rose, Mona, Neige Si L'amour fantôme est caractéristique de notre époque, c'est qu'il fait le portrait de personnalités aux abois. Tous souffrent, en se raccrochant à ce qu'ils peuvent. Pour Reine, c'est Colin. Pour Colin, ce sera Rose, Mona et Neige, et finalement un dogmatisme de supermarché, version secte millénariste. En filigrane du récit tragique emprunté à Sophocle, Jean-Michel Olivier radiographie avec soin les déficiences de la société contemporaine. Il redessine la courbe de la spiritualité, telle qu'elle évolue depuis les années septante. C'est le point commun entre Rose, chanteuse hippie, Mona, artiste sauvage et droguée, et Neige, joueuse de tennis adepte de divers gourous. Toutes sont à la recherche d'un nirvana existentiel. Chacune se vautre dans des excès mystiques. Et Colin suit, puisqu'il a été éduqué à suivre. La langue fraîche et maladroite de l'amour Jean-Michel Olivier a la plume incisive. Surtout quand il s'agit de démonter les absurdités des prêcheurs d'Apocalypse. L'auteur promène un regard ironique sur les aventures du pauvre Colin. Il décrit parfois avec froideur ses personnages. Mais il sait aussi, dans les scènes intimes, retrouver la langue, fraîche et maladroite, de l'amour. Quant aux clins d'il à la tragédie antique, ils restent subtils (la mère se prénomme Reine et Colin finit malvoyant). Sophocle peut dormir tranquille. La relève est assurée.
MÈRE ABUSIVE OU LE LIVRE D'UNE VIE SACCAGÉE, Bernadette RICHARD. Le Quotidien jurassien, 9 octobre 1999. La littérature romande stagnait dans l'attente de nouveaux auteurs qui lui injectent un souffle vivant. Parmi eux, Jean-Michel Olivier est une voix unique, un regard d'aigle au-dessus de la mêlée. Jean Michel Olivier est avant tout un arpenteur de linconscient. Observant ses contemporains avec un faible très marqué pour lesprit tordu (ou subtil?) de la femme , il avance de livre en livre offrant aux lecteurs des récits extrêmement bien peaufinés à la structure solide et au contenu étayé par une plume qui fouille, décortique, explore les profondeurs du comportement humain. Que tout le mal du monde incombe à Eve, lauteur genevois doit en être persuadé. Ses précédents romans et nouvelles dénonçaient déjà cette capacité qu'elles ont à manipuler les hommes. Que ce soit dans LHomme de cendre aux prises avec sept femmes, Le Voyage en hiver, un homme à la recherche de sa mère, les héroïnes jeunes et moins jeunes du Dernier mot et, aujourd'hui, la mère-ogresse et les délicates amantes de L'Amour fantôme, l'obsession qui mène la plume Jean-Michel Olivier tient en un mot : la femme, toujours elle. Le péché originel
Accusée du péché originel, la femme a-t-elle développé une intelligence particulière et secrète pour se mieux protéger de l'homme, le chasseur, l'envahisseur de sa vie, de son corps, de ses pensées ? Lu au premier degré, il se pourrait bien que l'auteur genevois soit accusé de misogynie, car ses descriptions du comportement féminin sont menées au scalpel, et celui-ci déchire toutes les apparences. Lus avec un peu plus d'attention, les récits de Jean-Michel Olivier laissent entrevoir la grande tendresse qu'il porte à la femme. Car si les rapports entre les êtres semblent toujours dépendre du désir féminin, la femme apparaît, sous cette plume pleine d'émotion maîtrisée, dans sa propre fragilité. En somme, Olivier met le doigt sur le terrible silence qui ne cesse de peser sur les rapports qu'entretiennent les deux sexes. Il en parle avec d'autant plus de cruauté que l'époque est à la communication tous azimuts. Or, il semble bien quentre l'homme et la femme, les arcanes des échanges demeurent éternellement impénétrables. C'est ce que dit l'écrivain genevois, de manière nouvelle à chaque livre.
Ces terribles mères
Dans L'Amour fantôme qui vient de sortir de presse, Colin vit trois grandes expériences amoureuses. Les soixante-huitards jubileront à cette lecture retrouvant les années 60 et toute leur falbala de musique, d'espoirs et de filles-fleurs: " À cette époque, les femmes étaient des fées, des licornes ou des mandragores." Entre Dylan, Cohen, les Doors, et les photos du Che, Colin divague dans une " tribu sauvage " où vivent les amis de Rose, qui ont des cheveux longs et mâchent du peyotl. La femme a-t-elle développé une intelligence particulière pour mieux se protéger de l'homme ? On lit Le Livre des morts tibétains, on dévore Le Zen macrobiotique, et le rêve d'un monde meilleur passe par la contestation, la Suisse est déjà mal notée dans ces milieux en rupture de petite bourgeoisie. Et Colin en est un, justement, de bourgeois, avec sa terrible maman, caricature des mères possessives. Si les révoltés hurlent contre tous les fascismes, l'Etat riposte à coups de matraque. Et c'est dans un commissariat de police que Reine, la mère de Colin, retrouvera celui-ci, en sang. Insidieusement, elle va le récupérer, briser ses besoins, avilir sa personnalité. Elle veut en faire un grand gaillard arriviste dont elle partage le lit, afin d'en finir avec ses propres angoisses. L'arrivée d'un jeune amant mettra un terme à l'amour mère-fils. Colin s'enfuit et rencontre Mona : les temps sont au body-art, aux tags et aux artistes conceptuels. Avec Mona, Colin va se laisser entraîner dans l'amour à mort qui transgresse toutes les limites, sous une galerie de portraits qui sont " autant d'énigmes " pour Colin : Boltanski, Joseph Beuys, Ulrike Rosenbach, Noël Hardling... De cette grande période de sacrifice Mona vit trop vite, sans cesse au bord du vertige, jusqu'au suicide fusionnel, dont Colin sortira en vie, mais dans un profond coma. Reine est heureuse de reprendre en charge son gros bébé de 28 ans. Elle tente une fois encore d'en faire un homme... Celui qui prendra à nouveau la fuite pour rejoindre Neige, passionnée de tennis. Comme toujours, Colin va se plier à la volonté de cet ultime amour au rire minéral qui le conduira à gravir les degrés initiatiques d'une secte où il subira un véritable lavage de cerveau, échappant comme d'habitude à la mort. Mais c'en est fait de Colin. Cette fois, Reine peut le récupérer : il lui appartient. Ce livre d'une vie saccagée par la faute d'une mère possessive offre au lecteur la mémoire de plusieurs époques, avec leurs dieux, leurs illusions, leurs folies aussi. Il est construit à la manière d'un opéra, qui ne peut que se conclure par l'immolation du héros. En filigrane, une grande interrogation se profile : d'où vient la faiblesse de l'homme que Jean-Michel Olivier se plaît, comme dans chacun de ses romans ou nouvelles, à mettre en exergue ? Car l'écrivain genevois interpelle les femme : si les hommes sont aussi démunis face à la vie, qui les élève ? Qui les dresse ? Qui les enferme dans les carcans qui se répètent à travers les âges ? Une réflexion que même les féministes ne se sont jamais permise.
LES
FANT ÔMES DE L'AMOUR,
propos
recueillis par Anelise MÜHLEBACH,
Scènes Magazine Délire fusionnel, quête de l'amour parfait, contradictions et excès de la nature humaine : il y a tout cela dans le dernier roman de Jean-Michel Olivier, " L'Amour fantôme ", qui sait prendre des libertés avec les conventions et gratter là où ça fait mal. Entretien. Frank Fredenrich Entre une mère vampire, une hippie révoltée, une artiste morbide et une tenniswoman frigide, on ne peut pas dire que les femmes de ce roman soient très attractives ! Jean-Michel Olivier La mère est un de mes thèmes favoris. Dans La mémoire engloutie**, elle exerce une profonde fascination sur le personnage principal, Simon, toujours hanté par les chansons que sa mère lui chantait. Ensuite, dans Le Voyage en hiver***, cest grâce à elle, la mère disparue, que le héros reconstruit son histoire. Mais dans L'Amour fantôme, jai voulu changer de perspective et explorer la face obscure de lamour maternel, que jappellerai lamour noir : comment une mère, par angoisse ou amour excessif, en vient à dévorer le fils quelle a elle-même mis au monde. Dans la mythologie classique comme dans le cinéma (je pense aux films de Woody Allen ou de Fellini) les figures de la mère dévorante ne manquent pas. Curieusement ce thème est peu traité dans la littérature. Les trois autres femmes du livre sont à limage de leur époque. Lorsque Colin rencontre Rose, en 1969, dans ce que j'appelle l'âge végétal, amour rime avec révolte et trouve son point de fuite dans lengagement politique. Dix ans plus tard, pendant lâge animal, lamour rime avec la mort et lexploration physique des limites : c'est là que Mona et Colin se rencontreront. Enfin, dans l'âge minéral, le corps et le désir sexuel sont effacés au profit du " développement personnel " et de lidéologie new age ce qui donne, dun côté, lattrait pour les philosophies orientales (la pensée zen, par exemple, ou le bouddhisme) et, de lautre, sur le versant tragique, le massacre de lOTS. Le principal représentant de la gent masculine, Colin, est un être falot, complètement à la merci des femmes, nayant aucun libre-arbitre. Pourquoi ce choix ? Jaime les héros qui cherchent leur chemin, qui se construisent (et se détruisent) dans lexpérience amoureuse ! Les distraits, les égarés, les somnambules. Je pense que l'essentiel de ce que nous vivons nous reste inaccessible. Pour échapper à la tyrannie maternelle, Colin se jette dans une frénésie de rencontres. Rose, puis Mona, puis Neige linitient aux trois âges de lamour : autant de flammes qui éclairent son chemin, le brûlent ou le réchauffent. C'est grâce à elles comme Frédéric Moreau dans LÉducation sentimentale qu'il se découvre enfin Nest-il pas difficile pour un romancier de caractériser ses personnages par ce quils disent ou ce quils font, en mettant de côté tout ce qui est de lordre dun monde intérieur et dun identité ? Les romans que jessaie décrire ne sont ni réalistes, ni psychologiques. Au contraire, j'essaie de déchiffrer lépoque qui nous met en scène, " la grande machination sociale dont nous sommes les acteurs ", comme écrit Kundera. Je ne crois pas à une identité unique et définie sur laquelle JE pourrait se reposer définitivement (voilà pourquoi, souvent, mes personnages sont dépourvus de patronymes). Je crois plutôt à un mouvement (cest le sens de la vie même) quon ne peut arrêter. La question, alors, nest plus : comment être soi ? Mais : comment faire coïncider, en soi, tous les moments de son histoire ? Comment aimer une femme sans être la proie de mille fantômes ? Pourquoi cette place accordée à la musique dans ce livre ? J'ai commencé à faire de la musique bien avant d'écrire. Et si j'écris, c'est peut-être pour continuer à faire de la musique, mais autrement, dans le silence, en faisant résonner les mots à ma manière et en travaillant sans relâche sur le rythme et le phrasé. Dans quelles conditions l'ouvrage paru en collaboration avec le photographe Jacques Pugin a-t-il été élaboré ? L'écriture est une expérience solitaire. Et cette solitude, parfois, est très lourde à porter ! C'est pourquoi j'aime beaucoup travailler en collaboration avec un artiste, qu'il soit peintre (René Feurer), graveur (Marc Jurt) ou photographe. Quand Jacques Pugin m'a montré ses images sur la montagne sa montagne peinte et revisitée , je les ai trouvées magnifiques. Et l'idée nous est venue très naturellement de les insérer dans un récit qui serait une sorte de promenade par monts et par mots, et aussi une méditation sur le pouvoir des images.
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