Les livres de Jean-Michel Olivier sont disponbles sur Internet:

*

et aux librairies:
Le rameau d'or

Delphica

G. Haldas

 

L'ENFANT SECRET PRIX MICHEL DENTAN 2004
 
  (Lausanne (CH), Éd. de l'Âge d'homme, 2003, 187 p.)
          Chapitre premier

ÉCHOS
Pascal GAVILLET .
 « La part secrète de Jean-Michel Olivier »
, Tribune de Genève, 1er décembre 2003.

ŒUVRES

ROMANS
L'Homme de cendre
La Mémoire engloutie
Le Voyage en hiver
Les Innocents
L'Amour fantôme
Nuit blanche

RÉCITS
La Toilette des images
La Chambre noire
La Montagne bleue
L'Enfant secret

NOUVELLES
Le Dernier Mot

ESSAIS
Lautréamont
Virus — de la photographie
L'Empire de la couleur

POÉSIE
L'Œil nu

ENTRETIEN
avec Claude Frochaux

BIBLIOGRAPHIE

CONTACT
jolivier@worldcom.ch

 

C'est au début du siècle, dans la cour d'une ferme, l'image est encore floue.

Un enfant joue au ballon. Il s'appelle Jules. Il a huit ans, neuf ans peut-être. Il court au milieu des lapins, des oies, des poules, tandis que son père, manches retroussées, coupe du bois.

Il fait chaud, c'est l'automne. L'homme s'éponge le front, puis reprend son travail, infatigablement, pendant que l'enfant gambade autour de lui.

Soudain, le ballon rebondit sur le billot et le gamin se précipite pour l'attraper.

Il ne voit pas son père qui fend le bois. Il ne voit pas la hache qui tombe comme un éclair. Il ne voit pas le ciel qui s'ouvre brusquement.

L'homme non plus n'a rien vu.

Ou plutôt il a vu l'enfant qui surgissait, mais trop tard, la hache était déjà partie.

Elle a frappé l'enfant derrière la tête et le sang a giclé.

Tout de suite, le père s'en est pris à l'enfant. Mais quand il a vu qu'il pleurait, et le sang qui coulait de sa tête, il s'est calmé, le juge de paix de la côte vaudoise.

À la mère qui criait, il a dit que ce n'était qu'une éraflure, et que l'enfant n'avait pas à jouer dans ses jambes. Que ça lui apprendrait.

La mère a nettoyé le sang, il y en avait partout, sur le visage, sur les mains, les habits.

Quand elle eut fini, l'enfant s'est arrêté de pleurer, miraculeusement, comme s'il était guéri.

Alors la mère s'est dit que l'homme avait raison, comme toujours.

On a enveloppé la tête de l'enfant dans une serviette bien serrée pour arrêter l'hémorragie.

Et plus personne n'en a parlé.