Les livres de Jean-Michel Olivier sont disponbles sur Internet: * et aux librairies:
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LE
DERNIER MOT |
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NOUVELLES,
Eric EIGENMANN, Scènes
Magazine S'étoffant d'année en année, une uvre littéraire à la fois multiple et continue précise ses contours : après romans, récits, poèmes et essais, Jean-Michel Olivier publie cet automne aux Editions L'Age d'Homme son onzième ouvrage, un recueil de nouvelles. Multiple mais continu, Le dernier mot c'est son titre l'est à son tour. Rien de commun, apparemment, entre les trois textes qu'il réunit. Si tout au long de " Félix Unglück ", l'homme ainsi dénommé met en scène sa propre mort dans sa cuisine, " L'autre vie " emmène deux jeunes femmes de Genève aux îles Eoliennes, à la recherche de leur père, tandis que " Le dernier mot ", réintégrant l'espace domestique, récrit l'histoire : celle de Jean-Jacques Rousseau et de Thérèse Levasseur ou plus précisément de leurs doubles, au vingtième siècle... Pourtant les passerelles sont nombreuses d'une nouvelle à l'autre. Jean-Michel Olivier aime construire des personnages, que l'on retrouve parfois de loin en loin, ni tout à fait des autres ni tout à fait les mêmes, conférant à l'ensemble des allures de saga. Mais les échos thématiques, qui résonnaient déjà dans les livres précédents, sont plus marquants : la mémoire on se rappelle La Mémoire engloutie parue en 1990 au Mercure de France , la recherche des origines, les rapports amoureux, les très fortes figures paternelles et maternelles, la mort. Encore que cette dernière s'impose moins ici comme un événement que comme le motif d'un compte à rebours le sentiment tenace d'une échéance. Les plans tendent cependant à se confondre, à l'image de la dernière scène de " L'autre vie " où le parricide s'écrit comme un inceste. C'est aussi le rythme et le ton qui assurent à l'ensemble sa continuité. Les chapitres courts, bien coupés, comme on le dirait de vêtements, rebondissent sur quelques mots du précédent. La parole des personnages s'insère constamment dans le récit, brève et exclamative dans les deux premiers, libérée jusqu'à la logorrhée dans le troisième. Et surtout, ces glissements, à peine marqués, du point de vue du narrateur à celui du personnage, qui jouent avec le feu... En réalité, si les secrétaires sont en minijupes et les paysages de Sicile, idylliques, c'est que Félix, Laure ou Marie les voient ainsi. Il y a chez Olivier un goût pour la fable, sensible tant dans ses intrigues que dans ses images. Un goût pour la fable et un goût pour la farce, dont témoignait particulièrement son dernier roman, Les Innocents. Ils se rejoignent dans le deuxième degré, la double entente, voire le jeu de mots, tantôt purement ludique, tantôt efficace, évocateur. Ainsi la " fin de partie " d'Unglück, qui mêle souvenir sportif et agonie présente: " Il reste encore une minute à jouer, une poignée de secondes, et après c'est le paradis... ". Une remarque encore, pour les gens de théâtre. La nouvelle qui donne son titre au livre, " Le Dernier mot ", sans doute la plus originale et la plus aboutie, met en scène un attachant personnage féminin au discours comique et grinçant. Or Jean-Michel Olivier travaille actuellement à une adaptation théâtrale de ce texte, lequel devrait s'y prêter fort bien, étant donné qu'il offre déjà, dans la bouche de Thérèse, un puissant monologué : un monologue en puissance. On ne peut que souhaiter à l'écriture d'Olivier et à l'énigmatique compagne de Rousseau de connaître le baptême des planches à cette occasion. Que les comédiennes se le disent.
LE MYSOGINE DANS SA CHAMBRE NOIRE, Josyane SAVIGNEAU, Le Monde, 7 août 98, p. 20. Jean-Michel Olivier, qui vit et écrit en Suisse, est trop peu connu en France. Professeur et journaliste à Genève, il est pourtant l'auteur d'une dizaine d'essais et de romans, notamment Le Voyage en hiver et Les Innocents (L'Age d'homme, 1994 et 1996) ou La Mémoire engloutie (Mercure de France, 1990). Et aussi d'un étrange et beau récit, La Chambre noire (éd. du Styx, 1982), hommage très subtil à L'Arrêt de mort, de Maurice Blanchot. L'ombre de Blanchot est de nouveau présente dans ce Dernier Mot, tout comme Jean-Jacques Rousseau, autre figure mythique de l'imaginaire de Jean-Michel Olivier et héros de l'histoire qui donne son titre au livre. Le Dernier Mot affiche sur la couverture " Nouvelles ". En fait, il s'agit de trois contes : le premier, " Félix Unglück ", en quatorze petits chapitres, sortes de " tableaux ", les deux autres, " L'autre vie " et " Le dernier mot ", en dix-neuf " tableaux ". Trois histoires tragiques et drôles, trois variations sur le rire et le mourir, sur l'humour et les femmes, sur la vie et sa fin, sur LA question : qui, de la vie ou de la mort gagne ? À qui appartient " le dernier mot " ? L'une des clés se trouve dans le premier texte, au début de la séquence 13 (on ne sait si Jean-Michel Olivier attribue à ce chiffre des pouvoirs maléfiques) : " Oui, le monde appartient aux femmes... C'est-à-dire à la mort (...)" Qui a dit ça, déjà "? Il cherche à retrouver le nom, mais sa mémoire est vide. "Sollers ? MCSolar ?" ". Olivier a sans doute raison de citer un rappeur, même s'il orthographie mal son nom. Si on le rappait " fin de siècle", cela (voici la citation exacte) : " Le monde appartient aux femmes/ C'est-à-dire à la mort./ Là-dessus tout le monde ment ", ferait peut-être enfin réagir les femmes. Jean-Michel Olivier, pour préserver la concision, la densité, la cohérence, le côté lapidaire et allusif de ses contes, ne peut pas étendre sa citation. Mais, dans le roman de Philippe Sollers, Femmes (Gallimard, 1983), quelques lignes après la phrase que reprend Jean-Michel Olivier, on lit le paragraphe suivant : "Règlements de comptes? Mais oui ! Schizophrénie ? Comment donc ! Paranoïa ? Encore mieux ! La machine m'a rendu furieux ? D'accord ! Misogynie ? Le mot est faible. Misanthropie ? Vous plaisantez.... On va aller plus loin ici, dans ces pages, que toutes les célébrités de l'antiquité, d'avant-hier, d'hier, d'aujourd'hui, de demain et d'après-demain... Beaucoup plus loin en hauteur, en largeur, en profondeur, en horreur, mais aussi en mélodie, en harmonie, en replis... Qui suis-je vraiment ? Peu importe. Mieux vaut rester dans l'ombre. Philosophe dans la chambre noire... " On peut parfaitement reconnaître Jean-Michel Olivier dans cette image de justicier qui va régler ses comptes avec ironie et cruauté. Il commence avec le personnage Félix Unglück le mal nommé puisque son prénom le prédispose au bonheur et son nom signifie malchance. Entre son prénom et son nom, entre la joie et la peine, entre la vie et la mort, Unglück n'arrive pas à choisir. II a essayé à plusieurs reprises de se suicider et s'est raté. Au moment du dernier (est-ce vraiment le dernier ?) suicide, il revoit les femmes de sa vie : toutes les figures négatives, effrayantes, castratrices ou hystériques, mortifères à coup sûr, à commencer évidemment par... sa mère. Rien de plus banal, penseront certains, que ces éternels conflits entre hommes et femmes. Précisément. Et c'est pour cela que sujet-là révèle, ou non, le talent d'un écrivain. Etre femme et ne pas rire aux propos de Jean-Michel Olivier, c'est assurément manquer d'humour . Mais être femme et ne pas rire un peu " jaune " en lisant ce livre, c'est probablement n'avoir jamais réfléchi à la question du malentendu fondamental entre les sexes. Le deuxième conte, " L'autre vie ", est plus simple, mettant en scène une vengeance peut-être une saine vengeance de femmes, de filles contre leur père coupable d'abandon. La troisième histoire, dont le héros est un Jean-Jacques Rousseau égaré au XXème siècle, est la plus terrible. Une femme, qui fut en apparence la soumission même, attend la mort de l'écrivain et, après avoir appelé le journal Le Monde pour annoncer que " Jean-Jacques est mort ", détruit le livre dans lequel il s'expliquait sur lui-même et ses erreurs... Cela, on pourrait le rapper autrement : " Vraiment les femmes sont "trop". " On aura compris que pour grincer des dents en bronzant, Le Dernier Mot est extrêmement recommandé.
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